Par l’observation et l’attention découvrez vous-même que la paix est chère à tout être vivant et que l’inquiétude est déplaisante, grandement terrifiante et pénible, pour tous les animaux, pour tous les êtres qui vibrent de vie, et pour toutes les âmes !
Celui qui connaît le soi intérieur connaît aussi le monde extérieur. Celui qui connaît le monde extérieur connaît aussi le soi intérieur.
Éprouvant chaque plaisir et chaque douleur, et voyant que la jeunesse et la force n’ont pas encore décliné, vous êtes encore jeune et fort. Oh ! Homme sage, sachez que c’est le bon moment pour penser à votre élévation spirituelle !
Tous les êtres aiment la vie. Ils souhaitent goûter aux plaisirs. Ils détestent la souffrance. Ils ont horreur d’être tués. Ils sont attachés à l’anneau mortel. Ils veulent s’accrocher à la vie.
La vie est chère à tous les êtres.
Celui qui est plongé dans les ténèbres de l’ignorance ne sait pas apaiser ses souffrances, parce qu’il est attaché aux désirs et à la lubricité. Oppressé par la souffrance physique et mentale il tourne constamment dans le tourbillon de l’angoisse.
Oh ! Toi qui es calme ! Renonce au plaisir charnel et à l’asservissement au désir !
Oh ! Homme ! C’est vous qui avez planté dans votre propre cœur l’épine du plaisir charnel et de l’asservissement au désir !
Ceux qui ne sont pas des sages passent leur temps à dormir, les sages sont toujours réveillés.
Sachez que le malheur dans ce monde est néfaste !
Oh ! Homme ! Vous êtes votre propre ami, alors pourquoi en cherchez-vous un ailleurs ?
Oh ! Soi ! Suivez la vérité et la vérité uniquement !
Une personne qui est toujours aux ordres et à l’appel de la vérité est sage ; elle transcende la mort ou les sensualités.
Celui qui en connaît un les connaît tous. Celui qui les connaît tous en connaît un.
Il y a des appréhensions dans toutes les directions, pour celui qui est attaché à quelque chose, mais pour celui qui est maître de soi, il n’y a d’appréhension dans aucune.
Celui qui en vainc un, en vainc beaucoup, et celui qui en vainc beaucoup, en vainc un.
Il y a toujours une arme plus puissante qu’une autre, alors qu’il n’y a pas de non-arme (ahimsa) plus puissante qu’une autre, c’est la seule.
Ce que vous désirez pour vous-même, désirez-le pour les autres aussi. Ce que vous ne désirez pas pour vous-même, ne le désirez pas pour les autres ! C’est l’enseignement du Jina !
Les jouissances des sens procurent un plaisir momentané, puis une souffrance prolongée, plus de souffrance et moins de plaisir, ce sont aussi des obstacles au salut et une véritable mine de malheurs.
De même qu’une personne souffrant de démangeaisons considère que gratter son corps est un plaisir, bien qu’en réalité ce soit douloureux, de même, les personnes qui sont sous le charme de l’engouement considèrent que la jouissance sensuelle est agréable.
Tout le monde connaît les souffrances de la naissance, de la vieillesse et de la mort et pourtant personne ne manifeste de mépris pour les objets des sens. Oh ! Comme il est serré ce nœud de la suffisance !
Si une chose a une certaine forme définie, la considérer autrement, agir comme si elle était autre ou la décrire de façon autre, c’est de la perversion.
Chaque fois qu’une âme éprouve tel ou tel état mental, à cet instant même, elle est assujettie aux bons ou aux mauvais karmas correspondants.
Quelque fois, au moment de la fructification, les êtres vivants sont contrôlés par les karmas, alors que d’autres fois, au moment de l’action, les karmas sont contrôlés par eux, exactement comme au moment de prêter de l’argent le créancier est dans une position plus forte, alors qu’au moment de le rendre c’est le débiteur qui a la position plus forte.
L’attachement et l’aversion sont des graines de karma. Le karma naît de la vanité, il est le cause essentielle de la naissance et de la mort ; la naissance et la mort sont dites être sources de souffrances.
Même l’ennemi le plus offensif et le plus puissant ne cause pas autant de mal que le font l’attachement et l’aversion non contrôlés.
La souffrance corporelle et mentale de tous les êtres humains et des dieux naît, jusqu’à un certain point, de leur désir sensuel constant ; celui qui est sans désir peut mettre fin à cette souffrance.
Ce qui libère de l’attachement doit être pratiqué avec le plus grand respect ; celui qui n’a pas d’attachement assure sa libération de l’existence en ce monde ; alors que celui qui en a continue à errer sans fin dans celui-ci.
Du point de vue réel, le corps et l’âme sont distincts l’un de l’autre, c’est pourquoi débarrassez-vous de votre attachement au corps parce que c’est la cause de la souffrance et de la douleur !
La religion est suprêmement favorable, la non-violence, le contrôle de soi et la pénitence sont ses éléments essentiels. Même les dieux se prosternent devant ceux dont la pensée est toujours préoccupée par la religion.
Je pardonne à tous les êtres vivants, puissent tous les êtres vivants me pardonner. Je cultive des sentiments d’amitié envers tous et je ne manifeste d’inimitié envers aucun.
Même si une personne cupide arrive à accumuler une montagne d’or et d’argent cela ne signifie rien pour elle, car son désir est infini commele ciel.
De même qu’une grue naît d’un œuf et d’un œuf une grue, de même l’illusion naît du désir ardent et le désir ardent de l’illusion.
Véritablement je suis seul, pur, éternel, sans forme et je possède les qualités d’appréhension et de compréhension, excepté cela il n’y a rien, même pas un atome, qui soit à moi.
Celui qui s’est débarrassé de l’illusion a son malheur anéanti, celui qui s’est débarrassé du désir ardent a son illusion anéantie. Celui qui s’est débarrassé de l’avidité a son désir ardent anéanti et celui qui ne possède rien a son avidité anéantie.
Les nuits qui passent ne peuvent pas revenir. La nuit de quelqu’un engagé dans des actes coupables est gaspillée.
L’âme le connaît vraiment. Réellement, son âme est le témoin de sa religiosité, par conséquent, il pratique une activité religieuse de façon qu’elle lui donne de la satisfaction.
L’âme est l’auteur et le bénéficiaire, à la fois, du bonheur et du malheur ; l’âme est son propre ami, quand elle agit bien, et son propre ennemi, quand elle agit mal.
On peut vaincre des milliers et des milliers d’ennemis, dans une bataille invincible ; mais la victoire suprême consiste à se vaincre soi-même.
Combats avec toi-même ! Qu’y a t’il de bon à combattre des ennemis extérieurs ? On peut atteindre le bonheur suprême en se vainquant soi-même.
On doit se vaincre soi même, parce que c’est difficile. Celui qui a vaincu son propre soi atteint le bonheur suprême dans ce monde et dans le suivant.
C’est très bien que je doive me vaincre par le contrôle de moi-même et par la pénitence. Mais il n’est pas convenable que je sois vaincu par d’autres et fait prisonnier ou tué par eux.
De même qu’une maison peut être contrôlée par une bride, les plaisirs sensuels et les passions peuvent être contrôlés, avec vigueur, par la connaissance, la méditation et le pouvoir de la pénitence.
On ne doit pas être satisfait d’une petite dette, d’une petite blessure, d’une petite étincelle ou d’une petite passion, parce que tout ce qui est petit aujourd’hui peut devenir très grand demain.
La colère détruit l’amour, l’orgueil détruit la modestie, la tromperie détruit l’amitié, la cupidité détruit tout.
On doit mettre fin à la colère par le calme, à l’orgueil par la modestie, au mensonge par la franchise et à l’avidité par le contentement.
De même qu’une tortue se protège en rétractant tous ses membres dans son corps, de même, le sage se protège du mal en s’abstenant de l’extraversion.
Lorsqu’un acte mauvais est commis, consciemment ou inconsciemment, on doit immédiatement se contrôler de façon qu’il ne soit pas commis de nouveau.
En raison de l’attachement, une personne commet la violence, dit des mensonges, vole, s’adonne au sexe et fait le souhait d’amas illimité de biens.
Quiconque se délivre de l’instinct de possessivité peut renoncer à ce qu’il a. Un moine qui n’a rien à lui peut vraiment voir le chemin de la libération.
Celui qui est totalement exempt de possessivité est calme et serein dans ses pensées et atteint le bonheur suprême de l’émancipation que même un empereur ne peut obtenir.
C’est le trait essentiel d’un homme sage qu’il ne tue aucun être vivant. Il faut absolument comprendre juste deux principes, à savoir : celui de la non-violence et celui de l’égalité de tous les êtres vivants.
Tous les êtres vivants souhaitent vivre et non mourir, c’est pourquoi les nirgranthas (les personnes sans attachement) prohibent la mise à mort d’êtres vivants.
De même que la souffrance n’est pas agréable pour nous, il en est de même pour les autres. Connaissant ce principe d’égalité traitez les autres avec respect et compassion !
Tuer un être vivant c’est tuer son propre soi, montrer de la compassion pour un être vivant c’est montrer de la compassion pour soi. Celui qui désire son propre bien, ne doit causer aucun mal à un être vivant.
L’être que vous voulez tuer est exactement le même que vous, l’être que vous voulez asservir est exactement semblable à vous-même.
Le Seigneur Jina a dit que l’absence d’attachement, etc. est de la non-violence (ahimsa) alors que sa présence est de la violence (himsa).
Même une simple intention de tuer est cause d’asservissement au karma, que vous tuiez réellement ou non ; du point de vue réel, c’est la nature de l’asservissement du karma.
Aucune montagne n’est plus haute que le mont Méru, rien n’est plus étendu que le ciel ; de même, sachez qu’il n’y a pas de religion en ce monde égale à celle de la non-violence (cad. le Jaïnisme) !
Oh ! Être mortel ! N’ayez pas peur et laissez les autres ne pas avoir peur ! Dans ce monde transitoire, pourquoi vous adonnez-vous à la violence ?
Celui-ci est avec moi et celui-là ne l’est pas, ceci est fait par moi et cela ne l’est pas ; même quand un homme est conscient de cela, il est enlevé par la mort. Comment peut-on être inconscient dans un tel état ?
Pour celui qui dort, les nombreuses choses excellentes dans ce monde sont perdues sans le savoir. Par conséquent, restez éveillés tout le temps et détruisez les karmas accumulés dans le passé !
Il vaut mieux que le dévot soit éveillé et que le méchant dorme, c’est ce que le Jina a dit à Jayanti, la sœur du roi du Vatsadesa.
Une personne sage qui a une fine intelligence doit rester éveillée, même parmi ceux qui dorment ; elle ne doit pas être satisfaite parce que le temps fuit et le corps est faible, aussi doit-elle être toujours vigilante comme l’oiseau mythique Bharanda.
Il y a de la peur dans toutes les directions pour une personne non vigilante, tandis qu’il n’y a pas de peur pour une personne qui est vigilante.
Une personne paresseuse ne peut jamais être heureuse et une personne endormie ne peut jamais acquérir de connaissance. Une personne avec de l’attachement ne peut pas acquérir le renoncement et une personne violente ne peut pas acquérir la compassion.
Oh ! Êtres humains ! Soyez toujours vigilants ! Celui qui est vigilant acquiert de plus en plus de connaissance. Celui qui n’est pas vigilant n’est pas béni. Celui qui est vigilant est toujours béni.
Celui qui est modeste et respectueux acquiert de la connaissance alors que celui qui est arrogant et qui manque de respect ne parvient pas à en acquérir. Celui qui est au courant de ces deux faits acquiert l’éducation.
L’orgueil, la colère, la négligence, la maladie et la paresse sont les cinq facteurs de l’échec pour l’acquisition de l’éducation.
Ne pas s’adonner aux plaisanteries, toujours se contrôler, ne pas révéler les secrets des autres, ne pas manquer de bonnes manières, ne pas exhiber de mauvaises manières, ne pas être très avide, ne pas se mettre en colère et dire la vérité, tels sont les huit traits de caractère de quelqu’un qui est appelé un vrai chercheur d’éducation.
Une lampe allume des centaines d’autres lampes et reste encore allumée ; ainsi sont les Acharyas qui, comme une lampe, éclairent les autres et continuent à rester eux-mêmes éclairés.
Une fois su que l’âme pure est différente de toute autre chose, existe t’il un sage qui dise « cela est à moi ?
Je suis seul, vraiment pur et exempt d’attachement. J’ai les facultés d’appréhension et de compréhension. Ferme dans la concentration de la vraie nature de soi, je ne tiens pas compte de toutes les formes qui me sont étrangères.
On comprend par sa connaissance juste la nature des substances, on croit à elles par sa foi juste, on se contrôle par sa conduite juste et on purifie son âme par la pénitence (cad. les austérités).
Sans foi juste, il ne peut pas y avoir de connaissance juste, sans connaissance juste, il ne peut pas y avoir de conduite juste, sans conduite juste, il ne peut pas y avoir de délivrance des karmas, et sans délivrance des karmas, il ne peut pas y avoir de nirvana (de salut).
La connaissance juste ne sert à rien en l’absence de la conduite juste, l’action ne sert à rien en l’absence de la connaissance juste. Inexorablement, dans le cas de conflagration le boiteux brûle, même s’il est capable de voir, alors que l’aveugle brûle, même s’il est capable de s’enfuir.
Le résultat désiré est atteint quand il y a une harmonie entre connaissance juste et conduite juste, car un char ne roule pas avec une seule roue. C’est comme un boiteux et un aveugle qui vont ensemble dans une forêt et qui se débrouillent pour atteindre la ville en s’aidant mutuellement.
Assurément, mon âme est ma connaissance juste, ma foi juste, ma conduite juste, mon renoncement aux mauvaises actions, mon contrôle de moi-même et mon remède.
Ceux qui ont renoncé à la foi juste sont des personnes dépossédées. Il n’y a pas de libération pour une personne qui n’a pas la foi juste. Ceux qui ont renoncé à la conduite juste peuvent atteindre la libération mais non ceux qui ont renoncé à la foi juste.
Celui qui a la foi juste est assurément pur ; celui qui possède la foi juste atteint la libération. Une personne qui n’a pas la foi juste n’atteint pas le résultat désiré (cad. la libération).
Un homme qui a la foi juste même lorsqu’il jouit d’un objet il n’en jouit pas alors qu’une autre personne en jouit même si elle n’en jouit pas. Une personne qui joue dans une pièce de théâtre ne se transforme pas en réalité dans le personnage qu’elle incarne. Quelqu’un qui a la foi juste pense toujours à son âme et reste détaché de ce qui se passe autour de lui.
Les objets de jouissance des sens ne produisent pas soit l’équanimité soit la perversion. Celui qui a de l’attachement ou de l’aversion pour ces objets devient perverti, lorsqu’il en jouit, du fait de son illusion.
Après avoir entendu ce qu’il y a dans les écritures, une personne arrive à connaître ce qui est bon et ce qui est cause de péchés, ayant cette connaissance, elle doit réaliser ce qui conduit à son bien - être.
Une aiguille enfilée n’est pas perdue, même si elle tombe dans un monceau de détritus, de même, une personne qui a la connaissance des écritures ne se perd pas son soi, même si elle est entraînée dans le cycle des transmigrations.
La conduite juste est véritablement ce qui constitue la religion. On dit que la religion c’est l’équanimité. L’équanimité c’est l’état de l’âme qui est exempte d’illusion et d’agitation.
On doit méditer sur son âme, après avoir acquis le contrôle de son régime, de sa façon de s’asseoir et de dormir, en accord avec les préceptes du Jina et la connaissance obtenue grâce au précepteur.
Les personnes qui suivent un régime sain, contrôlé et léger n’ont pas besoin de médecins pour les soigner, ce sont leurs propres médecins qui les gardent en bonne santé et pures.
On ne doit pas consommer de mets délicats en quantité excessive, car ces mets normalement stimulent le désir charnel. Les personnes dont le désir charnel est stimulé sont troublées mentalement comme les arbres couverts de fruits sucrés sont fréquemment infestés d’oiseaux.
On doit pratiquer bien la religion avant que la vieillesse cause des soucis, que la maladie s’aggrave et que les sens deviennent faibles.
La charité et le culte sont les premiers devoirs de la religion d’un laïc, sans eux on ne peut pas être un sravaka (un maître de maison). La méditation et l’étude des écritures sont les premiers devoirs d’un moine vertueux ; il ne peut pas y avoir de moine sans eux.
Dans certain cas les maîtres de maison sont supérieurs à certains moines sur le plan de la conduite. Mais, en règle générale, les moines sont supérieurs dans leur conduite au maître de maison.
Est appelé un sravaka (maître de maison) celui qui, ayant la foi juste, écoute tous les jours la prédication des moines sur la conduite.
Les sept vices sont : 1) le rapport sexuel avec quelqu’un d’autre que sa femme, 2) le jeu, 3) la consommation de liqueurs, 4) la chasse, 5) la dureté de la parole, 6) la sévérité de la punition et 7) l’appropriation du bien d’autrui.
La consommation de viande augmente l’orgueil, l’orgueil crée un désir de boissons enivrantes et donne du plaisir dans le jeu ; elle pousse ainsi aux sept vices.
Une personne perd le contrôle d’elle-même en buvant des liqueurs enivrantes et commet de nombreux actes censurables. Elle éprouve des malheurs sans fin à la fois dans ce monde et dans le suivant.
Une personne qui a une dévotion ferme envers le Jina comme le solide Mont Méru, qui est encline au renoncement et qui est sans défauts de caractère (salya) n’aura pas peur dans ce monde.
Puisque même un ennemi approche avec amitié un homme humble, un maître de maison doit cultiver l’humilité des trois façons : en pensées, en paroles et en actes.
Destiné à réfréner les actes mauvais, le seul acte religieux favorable c’est le samayika. De ce fait, considérant que c’est quelque chose de supérieur aux actes ordinaires d’un maître de maison, une personne intelligente doit pratiquer le samayika pour son propre bien-être.
En pratiquant le vœu de samayika (cad. en s’abstenant d’actes répréhensibles et en pratiquant l’équanimité mentale) un maître de maison devient l’égal d’un ascète (d’un saint homme) ; pour cette raison, il doit le pratiquer de nombreuses fois, dans la journée.
Les maîtres de maisons pieux qui sont prudents et qui ont une bonne conduite, suivant les écritures, ne mangent pas dans une maison où aucune aumône n’est faite à un moine.
Celui qui mange ce qui est laissé après qu’un moine s’est alimenté jouit du meilleur bonheur terrestre. Il obtiendra graduellement la félicité de l’émancipation. C’est ce qu’a prêché le Jina.
Sachez qu’assurer toujours la protection des êtres vivants qui ont peur de la mort s’appelle abhaya dana (la charité suprême) !
Une personne, qui possède la connaissance juste et la foi juste, qui pratique la maîtrise d’elle-même et la pénitence, et qui a toutes les vertus, doit être appelée un moine.
Les vrais moines sont exempts d’attachement, de vanité de soi, de compagnie et d’égoïsme, ils traitent de façon impartiale et égale tous les êtres vivants, mobiles et immobiles.
Un vrai moine conserve son équanimité, dans le succès et dans l’échec, dans le bonheur et dans le malheur, dans la vie et dans la mort, dans la censure et dans l’éloge, dans l’honneur et le déshonneur.
Un vrai moine n’est absolument pas affecté par l’honneur, les passions, la punition, l’affliction et la peur, il n’est pas dérangé, il n’a pas d’attache, et il n’est ni gai ni triste.
Un vrai moine n’est ni intéressé par ce monde ni par le suivant. Il est indifférent à la nourriture et aux jeûnes. Il ne fait pas attention si son membre est barbouillé de pâte de santal ou coupé avec une hache.
Traiter de façon égale un brin d’herbe et de l’or, un ennemi et un ami, manifester un esprit exempt de tout attachement et avoir une inclination, de façon prédominante, à faire de bons actes, c’est ce qui constitue le samayika.
Le jeûne est une pénitence quand la personne qui le pratique n’entretient pas de mauvaises pensées, quand il n’en résulte pas une faiblesse de son corps, et quand les activités de sa pensée, de sa parole et de son corps restent non affectées.
Une personne doit décider de jeûner après avoir pris en considération sa force physique, sa résistance, sa foi, sa santé, le moment et le lieu.
Une personne qui s’alimente de façon moindre que son régime habituel est dite pratiquer la pénitence que l’on appelle unodari (le jeûne partiel).
De même qu’un enfant parle des ses bonnes et de ses mauvaises actions avec franchise, de même on doit confesser sa faute avec un esprit exempt de tromperie et d’orgueil.
Celui qui est piqué par une épine ressent de la douleur dans tout le corps, mais il en est délivré lorsque l’épine est enlevée. De même, celui qui cache frauduleusement ses défauts devient malheureux, alors que celui qui les confesse honnêtement devient pur et exempt de détresse mentale.
Se lever à l’arrivée d’un plus âgé pour l’accueillir avec les mains jointes, lui offrir une place d’honneur, le servir avec un sentiment de dévouement, cela constitue l’humilité.
Si un plus âgé est insulté, cela équivaut à une insulte à tous ; s’il est vénéré, tous le sont.
L’humilité est la vertu de base, suivant les écritures jaïnes ; une personne humble acquiert la maîtrise d’elle-même. Où est la religion et où est la pénitence pour celui qui a perdu l’humilité ?
Après avoir condamné toute sa mauvaise conduite, après avoir demandé pardon à tous les êtres vivants, après avoir renoncé à la négligence, après avoir affermi son esprit, on doit entreprendre la méditation jusqu’à ce que la chose méditée paraisse se tenir devant soi.
Un moine qui s’est consacré à la pénitence et qui est désireux de pratiquer la méditation ne doit entretenir ni des pensées agréables, ni des pensées désagréables sur les objets des sens.
Les personnages bénis ne portent de considération ni à ce qui a existé dans le passé, ni à ce qui existera dans le futur. Assurément, le grand sage, exempt de toute indulgence dans son imagination, concentrant sa pensée sur ce qui existe dans le présent, commence par tarir tous ses karmas puis les annihile.
N’entreprenez aucun acte corporel, ne prononcez aucune parole et n’ayez aucune pensée jusqu’à ce que vous deveniez calme ! Assurément, la méditation suprême consiste à engager son âme dans la concentration sur elle-même.
De même qu’un feu favorisé par le vent brûle rapidement le combustible accumulé depuis longtemps, de même le feu de la méditation détruit en un instant le combustible illimité des karmas. Sachez que la naissance est accompagnée de la mort, la jeunesse de la vieillesse, que la richesse est périssable ! Ainsi, on doit penser au fait que tout est transitoire.
Après vous être débarrassé de la grande illusion et avoir réfléchi au fait que tous les objets des sens sont transitoires, cultivez un esprit détaché de façon à pouvoir atteindre le bonheur suprême !
Un fou croit que richesse, animaux et parents sont ses protecteurs, se disant en lui-même : ils sont miens, je suis à eux. En fait, ils ne sont ni ses protecteurs, ni son refuge.
Il n’existe aucun endroit en ce monde, même aussi fin qu’un bout de cheveu, où une âme n’a pas souffert les tourments des naissances et des morts plusieurs fois.
Dans ce monde, où tout un chacun doit supporter les fruits de ses karmas individuellement, y a t’il une personne que l’on puisse appeler son propre parent ou un étranger ?
Mon âme, dotée de la connaissance et de la foi justes, est seule à moi de façon permanente, toutes les autres me sont étrangères et sont de la nature des compléments extérieurs.
Toutes les sortes de souffrances d’une âme naissent d’associations étrangères, c’est pourquoi je romps de bon cœur tous contacts avec les associations étrangères.
Qu’y a t’il donc de bon dans ce corps, constitué de chair et d’os, rempli d’urine, d’excrément, et de matière impure, par neuf orifices ?
Pour les êtres vivants qui flottent dans les courants de la vieillesse et de la mort, la religion est la meilleure île, le lieu du repos et le refuge suprême.
Après être né dans un corps humain, le plus difficile c’est d’écouter les textes scripturaux ; les ayant écoutés, on accepte la pénitence, le pardon et la non-violence (ahimsa). Après avoir entendu le texte religieux, il est extrêmement difficile de cultiver la foi en lui, parce qu’il y a beaucoup de monde qui, après avoir appris la voie juste, en dévie. Après avoir entendu le savoir sacré et acquis une foi solide en lui, il est encore difficile de faire l’effort nécessaire, car assurément il y a beaucoup de gens qui, même ayant une foi solide dans la religion, ne la pratiquent pas.
Le corps est appelé un bateau, l’âme est un passeur, l’existence dans le monde est un océan que les grands sages franchissent.
Celui qui a un œil sur son voyage ascendant (la libération) ne doit pas penser aux objets extérieurs (cad. aux plaisirs du monde), il doit protéger son corps pour annihiler les karmas passés.
L’homme qui possède une nature calme doit mourir, l’homme qui a une nature lâche doit également mourir, aussi, comme la mort est inévitable dans tous les cas, il vaut mieux posséder une nature calme.
La mort d’un homme sage met une fin à des centaines de naissances ; par conséquent, on doit mourir comme quelqu’un qui gagne le titre d’avoir eu une belle mort.
Un sage qui n’est pas anxieux meurt d’une mort paisible ; par une telle mort, il met fin immédiatement à un nombre infini de morts.
Fixez votre âme sur la voie de la libération et méditez uniquement sur votre âme : soyez toujours absorbé en elle et non dans toute autre substance !
Toutes les personnes qui sont ignorantes souffrent de détresse ; la plupart de ceux qui sont bêtes resteront confinés dans cette existence mondaine sans fin. C’est pourquoi, une personne sage, considérant que la plupart des façons de vivre aboutissent aux complications de l’existence dans le monde, doit chercher la vérité avec son âme et développer son affection envers tous les êtres vivants.
La vérité, l’émancipation, la nature de la substance, la plus haute réalité, le but pur suprême, tous ces mots ont la même signification.
Le karma est la cause du mérite (punya) et du démérite (papa) ; les bonnes pensées font naître le mérite, les mauvaises le démérite. Ceux qui ont maîtrisé leurs passions ont des états mentaux propres ; ceux qui ont des passions intenses en auront des souillés.
Dites toujours des paroles chères aux autres ! Même les hommes méchants qui ont des paroles dures doivent être pardonnés. On doit prendre le meilleur de tout le monde ; ce sont des exemples de personnes qui ont des passions maîtrisées.
Faire son propre éloge, relever les fautes même de ceux qui sont dignes de vénération et entretenir une attitude inamicale pendant un temps passablement long telles sont les caractéristiques de personnes qui ont des passions intenses.
Une personne qui a perdu la conscience de soi, du fait de l’attachement et de l’aversion, reste asservie par les sens. Ses portes de l’influx karmique étant ouvertes, elle engrange constamment des karmas de trois manières : par la pensée, par le corps et par la parole.
Celui qui sent que tous les êtres sont comme lui –même, qui a fermé toutes les portes à l’influx karmique, et qui se contrôle lui-même ne souffre pas de l’asservissement d’actes blâmables.
L’annihilation de la somme de karmas qu’une personne ignorante effectue durant des milliers d’années, en pratiquant des austérités, est faite en un simple souffle par une personne sage qui pratique les trois guptis (contrôles).
De même qu’une armée est détruite, une fois son commandant mort, de la même façon tous les karmas sont automatiquement détruits, après l’annihilation du karma de l’infatuation (mohaniya karma).
Il n’est pas possible de décrire l’état de libération avec des mots, car il dépasse toute expression verbale, ni il n’y a pas de possibilité d’argument, car aucun travail mental n’est possible. L’état de libération dépasse toutes déterminations et alternatives. Côte à côte avec lui, il n’y a ni orgueil, car on est exempt de toutes les tâches de la pensée. Il n’y a pas de mélancolie, même si la connaissance va au-delà du septième enfer, en raison du fait que cet état transcende le plaisir et la souffrance.
L’émancipation, qui est réalisée seulement par les grands, est l’état de non-obstruction, de perfection, de résidence au sommet de l’univers, de bien-être parfait et de libération de tous les obstacles.
Je m’incline devant l’anekantavada (le non-absolutisme, le rejet du point de vue unique), le seul précepteur du monde.